Lutinfernal

Derrière son thème, Lutinfernal est en fait un jeu de stratégie combinatoire abstraite, aussi simple que profond.

Chaque joueur a en sa possession vingt-huit pions à sa couleur. Quatre d'entre eux sont des magiciens, qui autorisent une modification du plan de jeu lorsqu'ils sont posés. Pour gagner, il faut posséder, à la fin de la partie, plus de pions « vivants » que l'adversaire. Pour cela, on va essayer d'entourer les pions adverses en situation de majorité pour les « pétrifier ».

L'aire de jeu est créée en disposant en triangle les trois plans hexagonaux de dix-neuf cases. Jaune place l'arbitre, un pion neutre, puis Rouge commence. On alterne ensuite les tours.

La pose est totalement libre. Il n'est pas imposé de toucher un pion déjà posé. Pour pétrifier une pièce adverse, il faut que celle-ci soit entièrement encerclée, et que l'on soit en majorité absolue parmi les pions qui l'entourent (les pions déjà pétrifiés ne comptent pas). Parfois, cela entraîne une réaction en chaîne. Lorsque plusieurs pétrifications sont possibles, c'est le joueur actif qui choisit dans quel ordre elles vont se dérouler. Et parfois, c'est très important. Il est ainsi possible qu'un pion se place volontairement en situation d'apparence faible, et finisse par venir à bout de ses opposants dans la région.

Là où ça se complique, c'est que quatre fois dans la partie, le joueur peut utiliser un magicien. Cela lui donne le droit, mais pas l'obligation, de déplacer et/ou tourner l'un des trois plans de jeu. On se rend alors compte de l'importance des pions vivants en bordure, qui peuvent d'un seul coup devenir très agressifs. Le problème, c'est qu'en bordure, justement, les pions sont aussi plus vulnérables.

Lutinfernal réunit toutes les qualités d'un bon jeu de stratégie combinatoire abstraite : simplicité des règles et complexité des choix. Je trouve presque dommage que l'éditeur ait choisi de cacher un aussi bon titre sous une apparence de jeu enfantin.